Contre la violence, soyons résolues

Article : Contre la violence, soyons résolues
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28 novembre 2020

Contre la violence, soyons résolues

La campagne des « Seize jours d’activisme contre la violence basée sur le genre » est un événement international du 25 novembre, date de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Ce sont des activistes du premier Institut international pour le Leadership des femmes qui l’ont créé en 1991.

Le rôle de cette campagne est stratégique : elle permet à des particuliers et à des organisations du monde entier qui appellent à la prévention et à l’élimination de la violence faite aux femmes et aux filles de s’organiser. C’est une grande messe pour les activistes des droits des femmes. Ils profitent alors de toute l’attention médiatique et institutionnelle pour dénoncer, mettre en lumière les abus et surtout y trouver des solutions.

A cette occasion, j’aimerais partager le récit du film à voir et à faire voir en cette matière, selon moi : le film ivoirien Résolution, avec l’actrice Evelyne Ily.

Une résolution, c’est quoi?

La résolution,  est un nom féminin, polysémique, qui revêt des sens divers dans les champs de l’informatique , du droit , de la chimie, des  mathématiques, de la politique, des relations humaines…. Mais dans le cadre de ce film,  il s’agit de la ferme décision , de la  volonté, de la détermination à s’extirper d’une situation négative et toxique dans laquelle était enlisée l’héroïne. Une envie pour notre héroïne de ne plus accepter l’humiliation, les coups et qui se traduit en acte concret. C’est cette résolution que nous devons prendre toutes, en tant que femmes. Résolution, c’est l’histoire émouvante de Yenan, une femme magnifique qui devra trouver en elle la force de rompre le cycle infernal de la violence.

Synopsis

Yenan, est ce que l’on pourrait qualifier de femme a succès. C’est une très belle femme de la trentaine, maman de Kevin, 16 ans. Elle est haute cadre d’une usine de Cacao et bien mariée. Marc Kassy, son époux est tout ce qu’il y a de plus merveilleux comme homme. Correct sous tout rapport, l’homme idéal en apparence ; le prince charmant dont rêvent toutes les princesses. Et qui en plus est un homme fortuné.

Aux yeux de la société, leur mariage est idyllique. D’autant plus qu’ils font partie de la bonne société. Mais derrière le vernis nacré et très brillant de ce tableau, se cache une réalité. « La » réalité. Malheureusement, celle de beaucoup de femmes. La violence.

Marc est un homme manipulateur. Il a réussi, par ses méthodes, à tenir enfoncée Yenan dans une spirale infernale. Il est le beau père de Kevin, qui est issu du viol de sa mère par son grand père.  Yenan est donc une survivante qui garde en elle les séquelles de ses abus. Les gestes de violence du mari vont des plus anodins – choix forcé du maquillage- aux plus graves ; coups et viols conjugaux. C’est dans cette atmosphère qu’évolue Kevin qui commence à en être marqué négativement. On ne le dira jamais assez, un mari violent est un mauvais père. Pour survivre, Kevin commencer à consommer de la drogue. Il trouve comme allié sa grand mère, sûrement la seule déterminée à mettre fin à cette union. Mais celle-ci se retrouve coincée entre la tradition, l’hypocrisie de sa famille et le pouvoir de Marc Kassy qui, ne l’oublions pas est procureur. Tout y passe, la religion, les groupes de parole. Mais rien n’y fait. Yenan croit en son mariage, défend son époux et accepte les coups en se culpabilisant.

La question qui ressort est: comment un procureur lui-même confronté à ces questions peut-il agir de la sorte ? 

Cela renvoie à la qualité de notre système juridique et surtout à l’éducation de notre population. En effet, Marc n’est que le reflet d’une société phallocratique qui considère la violence comme tolérable ou normale. Et, ne devrait-on pas, comme on s’assure des compétences de nos magistrats, les former et les sensibiliser à ces questions? Car, être un bon juriste n’en fait pas un meilleur être humain.

La résolution

Yenan doit donc vivre avec cette pression familiale et atteindre des objectifs professionnels malgré cela. L’usine subit des vols et risque de mettre la clé sous le paillasson. Elle réussit néanmoins à remettre l’entreprise sur les rails quand bien même son mari insiste pour qu’elle démissionne. Ici, on perçoit clairement comment la violence psychologique est utilisée pour exercer la violence économique. Lorsqu’elle se décide à agir et à porter plainte, Yenan se heurte à l’impuissance  de la police. En effet, même si elle présente toutes les preuves, son mari est un nom. Après une énième dispute, au cours de laquelle sera assassiné son fils, elle trouve le salut au travers des réseaux sociaux par le partage de son histoire. Elle se trouve alors résolue enfin à briser le silence et à définitivement rompre le cycle de la violence.

Ce film soulève plus d’un problème: l’inceste et le silence face à lui. Le fait que la violence soit souvent considérée comme faisant exclusivement partie des milieux défavorisés. Qu’elle s’exerce sur des femmes pauvres, non instruites ou très peu, par des hommes qui ne connaissent ni les lois de la République, ni les droits et libertés individuelles. Il soulève aussi le problème des enfants issus de ces milieux de violence: quels sont leurs alternatives, leurs repères et leurs solutions ?

Qu’est ce qui pousse les femmes à rester, à s’enliser pour constater le pire à la fin ? Quels sont les mécanismes familiaux et traditionnels dont dispose la femme face au mari violent surtout quand il est fortuné et généreux envers sa famille? Quelle est l’efficience de notre système judiciaire et institutionnel et social? À quel point les réseaux sociaux peuvent aider à la dénonciation des violences sexuelles sexistes et conjugales ?

Le film Résolution est un film fort en émotions. Il enfonce une porte ouverte, et ravive des souvenirs de ces femmes dont on a souvent ignoré la souffrance. Il nous place face à notre responsabilité de se déterminer devant de telles situations. C’est un film courageux et engagé. J’encourage toute personne à le voir.

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