Au cœur du vide institutionnel en Côte d’Ivoire

Article : Au cœur du vide institutionnel en Côte d’Ivoire
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26 juillet 2020

Au cœur du vide institutionnel en Côte d’Ivoire

L’année 2020 aura été à tous égards une année tantôt difficile, tantôt remplie de surprises et de rebondissements au niveau mondial. En effet, alors que la vie a été presque suspendue pendant des mois par la pandémie de Covid-19, la Côte d’Ivoire qui se préparait pour des échéances électorales des plus importantes, fut frappée de plein fouet par un drame au sommet de l’Etat auquel s’ajoute un vide institutionnel qui maintenant plus que jamais tarde à être empli.

Le pouvoir exécutif affaibli

En Côte d’Ivoire, le pouvoir exécutif est tricéphale, c’est à dire qu’il a trois têtes. Il est incarné par le Président de la République, son vice-président et le premier ministre, chef du gouvernement. Seulement de manière assez inédite, parfois imprévue, cet exécutif se trouve fortement affaibli.

Décès du Premier Ministre, Chef du gouvernement

Premier ministre et candidat du RHDP (ndlr Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix_la coalition au pouvoir) à la présidentielle d’octobre 2020, Amadou Gon Coulibaly est décédé ce mercredi 08 Juillet 2020 à Abidjan. Il était le dauphin politique et successeur du président Alassane Ouattara pour briguer la magistrature suprême. Près de trois semaines après le choc qui a accompagné cette nouvelle, le gouvernement ivoirien est encore privé d’un chef pour le conduire. Et pourtant son rôle est déterminant dans la mesure où, » Le Premier ministre anime et coordonne l’action gouvernementale. Le Premier ministre préside le Conseil de Gouvernement, réunion préparatoire du Conseil des ministres. Le Premier ministre supplée le Président de la République lorsque celui-ci et le vice-Président de la République sont hors du territoire national » cf article 82 de la constitution. Mais alors combien est exceptionnelle la situation dans laquelle la vice-présidence est aussi vide?

Démission du Vice-Président

C’est suite au décès du Premier ministre qu’a été annoncée la démission du vice-président de la République de Côte d’Ivoire, Monsieur Daniel Kablan Duncan le 13 Juillet 2020; pour a t-il annoncé des convenances personnelles. Seulement, encore dans ce cas, nulle personne n’a été désignée pour lui succéder. Et pourtant la loi n°2020-348 du 19 mars 2020 modifiant la loi n°2016-886 du 08 novembre 2016 portant Constitution de la République de Côte d’Ivoire est claire en son article 62 nouveau. En effet, « en cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu du vice-président de la République, le Président de la république nomme un nouveau vice-président ». En confrontant les nouvelles dispositions de l’article 62 à celles de l’ancien, l’on constate que la procédure de nomination du vice-président se sont allégées. En effet, auparavant, le Conseil constitutionnel devait au préalable procéder à la vérification de ses conditions d’éligibilité du candidat choisi. Le vice-Président de la République choisi devait ensuite prêter serment, dans les conditions fixées par la loi, devant le Conseil constitutionnel, réuni en audience solennelle.

Après analyse, nous constatons que la véritable problématique demeure celle-ci: qui pourra endosser le costume très stratégique de dauphin constitutionnel dans un contexte électoraliste de jeu d’alliances politique?

Absence des « têtes » du pouvoir législatif

La troisième république en Côte d’Ivoire a vu l’avènement d’un Bicaméralisme du pouvoir législatif. Ce qui signifie que dès l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution, le pouvoir législatif est exercé par le Parlement. Le Parlement est composé de deux chambres que sont l’Assemblée nationale et le Sénat. cf article 85 de la constitution ivoirienne. Ces deux chambres sont dirigées chacune par un président. Mais oh ironie du sort, ces derniers sont aussi absents du territoire ivoirien.

Les Présidents de l’assemblée nationale et du sénat en déplacement

Jeannot Ahoussou-Kouadio, le président du Sénat, avait quitté la Côte d’Ivoire pour effectuer son contrôle médical annuel en Allemagne. Mais une fois sur place, il a été diagnostiqué positif à la covid-19. Selon un communiqué de son cabinet diffusé le 11 juillet, « son état de santé est considéré comme globalement satisfaisant ». Toujours en convalescence sur place où il poursuit son traitement, aucune date n’a été annoncée pour son retour à Abidjan. Par ailleurs, le président de l’assemblée nationale s’est envolé le 20 juillet dernier pour Paris. Amadou Soumahoro, le président de l’Assemblée nationale, y est pour des raisons professionnelles en effet selon l’Agence Française de Presse_APF_, son déplacement est lié à ses activités au sein de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF). Mais, les rumeurs prétendent qu’il y serait aussi pour effectuer des examens médicaux.

Eu égard aux situations exceptionnelles qui prévaut il serait fortement souhaitable que leurs retours respectifs soient imminents.

Mais aussi, le Conseil économique et social et culturel…

Tout le monde semble l’oublier, le conseil économique et social et culturel (Cesec) est aussi dénué de son chef. Depuis le décès de Charles Koffi Diby, ancien président, en décembre 2019, personne n’a été désigné pour le remplacer. Et pourtant, c’est une institution très importante qui donne son avis sur des projets de lois, d’ordonnance ou de décret ainsi que des propositions de lois.

A 3 mois des élections qui adouberont le ou la nouvel.le chef.fe de l’Etat ivoirien, l’on assiste à une crise institutionnelle des plus importantes exacerbée par des enjeux et des intérêts politiques et stratégiques. Les jours à venir, on l’espère mettront fin à cette situation inédite.

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Commentaires

Gboko Marlène
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Jamais un article qui parle de politique ne m'a autant plu (je ne les lis jamais totalement)
Bravo

Carelle Laetitia
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Merci Beaucoup Marlène